La reprise d’une entreprise est souvent perçue comme un processus bien huilé : identification d’une cible, audits d’acquisition, montage financier, puis signature finale. En théorie, tout semble cadré. Pourtant, la réalité montre une autre facette du parcours du repreneur. Dans les faits, l’échec d’une reprise avant la signature est bien plus fréquent qu’on ne l’imagine. Malgré des mois de travail, des discussions avancées et parfois même un compromis signé, le projet peut s’interrompre brutalement. L’une des causes les plus courantes réside dans l’analyse du BFR lors de l’acquisition : si le besoin en fonds de roulement est mal évalué, le financement devient inadapté et la trésorerie fragilisée, ce qui peut faire capoter l’opération. D’autres facteurs peuvent aussi intervenir, comme des divergences entre cédant et repreneur ou des éléments sensibles révélés lors des audits.

Le financement : première cause d’abandon de projet
Un montage financier fragile
La plupart des projets de reprise reposent sur un montage financier complexe, combinant apport personnel, dette bancaire et éventuellement levée de fonds. Or, un déséquilibre dans ce plan, une hypothèse trop optimiste ou un taux d’endettement mal maîtrisé peuvent suffire à remettre en cause toute l’opération. Les banques, de plus en plus prudentes, scrutent la rentabilité future de l’entreprise et le profil du repreneur. Une étude financière trop légère devient souvent éliminatoire.
Des financements jamais finalisés
Même après une lettre d’intention signée, obtenir un accord bancaire ferme reste une étape à part entière. Une analyse du BFR dans le cadre de l’acquisition insuffisante peut fragiliser le dossier et donner aux banques des raisons de refuser le financement ou de se retirer du projet. Le cédant ne doit donc jamais considérer la vente comme acquise tant que les financements ne sont pas solidement verrouillés et que le besoin en fonds de roulement a été correctement évalué.

Les audits d’acquisition : détonateurs d’incompréhensions
Des risques mal identifiés en amont
L’audit d’acquisition est un moment charnière du processus. Il vise à sécuriser l’acquéreur en analysant les aspects juridiques, fiscaux, sociaux et financiers de l’entreprise. C’est à ce stade que des éléments dissimulés ou sous-évalués peuvent apparaître : litige latent, passif social, dépendance excessive au dirigeant… Ces découvertes peuvent remettre en question le projet, même si elles ne sont pas toujours liées à une volonté de tromperie. Le cédant peut lui-même sous-estimer certains risques.
Des réactions parfois mal comprises
Dans ce contexte, le repreneur peut réviser à la baisse son offre ou poser de nouvelles conditions. Une analyse BFR acquisition plus précise peut révéler des besoins financiers plus importants que prévu, justifiant ces ajustements. Mais ces demandes sont parfois mal perçues, notamment par des dirigeants attachés affectivement à leur entreprise. Ils y voient une remise en cause de leur création, ce qui peut entraîner un retrait pur et simple.
Des visions qui s’opposent : cédant vs repreneur

Une attente émotionnelle forte du cédant
Dans certains cas, l’affect prend le pas sur l’analyse rationnelle. De nombreux chefs d’entreprise espèrent transmettre, pas seulement vendre. Le projet doit faire sens. Si le repreneur semble éloigné de la culture d’entreprise ou des valeurs du dirigeant, la confiance peut s’effriter.
Le syndrome du successeur idéal
C’est le syndrome du « fils spirituel » : le cédant cherche un successeur qu’il pourrait considérer comme un héritier, pas un simple acheteur. Si le repreneur est perçu comme motivé par le seul rendement ou par une vision purement financière, la relation se complique rapidement. Ce décalage peut à lui seul faire échouer la transaction.

Une entreprise insuffisamment préparée à la transmission
Une dépendance excessive au dirigeant
Certains échecs proviennent aussi d’une mauvaise préparation en amont. Une entreprise trop dépendante de son dirigeant, sans management intermédiaire, sans processus documentés, peut susciter des doutes sur sa capacité à fonctionner sans lui. Ce type de fragilité est d’ailleurs souvent identifié lors des due diligences.
Une activité en perte de vitesse
Il arrive aussi que l’entreprise soit déjà en perte de vitesse. Certains dirigeants mettent leur entreprise en vente après avoir levé le pied, ce qui se traduit par un recul du chiffre d’affaires ou un sous-investissement à court terme. Là encore, cela peut décourager le repreneur qui anticipe un effort de redressement plus lourd que prévu.
Communication et timing : les angles morts
Un dossier de cession mal préparé
Un dossier de cession imprécis ou incomplet peut rapidement faire fuir un repreneur sérieux. Ce document doit refléter la rigueur du dirigeant et donner une vision claire de l’entreprise. Lorsqu’il contient des zones d’ombre ou des incohérences, il génère des doutes. Le repreneur peut y voir une volonté de dissimulation.
Une lettre d’intention floue ou déséquilibrée
Une lettre d’intention mal rédigée, trop vague ou déséquilibrée, peut aussi semer le trouble dès le départ. Si les conditions suspensives sont trop nombreuses ou mal définies, cela alourdit le processus et augmente le risque de blocage.

L’importance des conseils dans la réussite du projet
Une coordination essentielle entre experts
Trop souvent, les échecs s’expliquent par une absence de coordination entre les conseils. Pour qu’une cession aboutisse, l’expert-comptable, l’avocat et le conseil M&A doivent travailler ensemble, dans un esprit de clarté et de réactivité. Un mauvais relais d’information ou un manque de pédagogie peut générer des malentendus à un moment crucial.
Un repreneur mal entouré
Il arrive aussi que le repreneur ne soit pas suffisamment bien entouré ou que son accompagnement ne soit pas encore structuré. Cette situation entraîne des négociations plus lentes, moins efficaces et parfois plus tendues, faute d’avoir les bons conseils au bon moment.
Anticiper pour mieux transmettre
Une reprise d’entreprise qui échoue avant la signature n’est jamais un échec anodin. C’est souvent le symptôme d’un manque de préparation, d’un décalage d’attentes ou d’une mauvaise communication. La clé de la réussite repose sur l’anticipation, la transparence, et l’accompagnement. Spécialistes de la cession d’entreprise, nous accompagnons et conseillons les chef(fe)s d’entreprise dans leurs projets de cession ou d’acquisition pour en sécuriser chaque étape.






















































































